William T. Lhamon Jr.
Peaux blanches, masques noirs
Performances du blackface, de Jim Crow au hip-hop
320 p. ISBN 9782930601472. 22 €
Traduction de Sophie Renaut.
Préface de Jacques Rancière
Postface de Gérard Noiriel
19 mars 2021
1820, New York, marché Sainte-Catherine : près du port, des « nègres » dansent pour gagner quelques anguilles. À l’origine monnaie d’échange, ces danses deviendront une marque culturelle pour le lumpenprolétariat bigarré, fasciné par le charisme et la gestuelle des Noirs. Fin du XXe siècle, de part et d’autre de l’Atlantique : des danseurs de hip-hop se déhanchent avec des pas de danse et des gestes identiques aux danseurs d’anguilles. Pourquoi ces gestes ont-ils perduré ? Quels processus d’identification ont-ils mis en œuvre ? À qui appartiennent-ils ? Aux Noirs qui les ont créés, ou aux Blancs qui, une fois grimés en noir (le blackface), les ont copiés et assimilés ?
Peaux blanches, masques noirs, à travers l’histoire des ménestrels du blackface, explore cette longue mutation d’un lore limité aux frontières d’un marché multi-ethnique en une véritable culture populaire atlantique où l’échange et la reconnaissance de gestes signent une appartenance – le lore étant, au contraire du folklore, non pas la propriété d’un peuple, mais une matrice de savoir, de récits et de pratiques qui est tout entière affaire de circulation. Esclaves et nouveaux affranchis noirs, mariniers et commerçants blancs, tous vivaient dans les mêmes conditions d’une classe ouvrière luttant pour que la culture dominante les laisse libres d’échanger les marques de reconnaissance culturelles qu’ils partageaient. William T. Lhamon Jr. propose dans cet ouvrage une histoire sociale de ces signes culturels qui, après avoir vaincu les forces d’oppression qui tentaient de les étouffer, font aujourd’hui partie du quotidien.
Sommaire
Préface
1. Danser pour des anguilles au marché Sainte-Catherine
2. Endurance du blackface
3. C’est la faute à Caïn
4. À la recherche de Jim Crow
Postface
Notes
Table des illustrations
Index
Remerciements
William T. Lhamon Jr. est professeur émérite d’anglais à l’université d’État de Floride.
La première édition française de ce livre a paru aux éditions Kargo en 2004, sous le titre Raising Cain.
La préface de Jacques Rancière a paru pour la première fois en 2008 dans une édition du livre au format poche sous le tire de Peaux blanches, masques noirs (Kargo & L’Éclat).
La postface de Gérard Noiriel a été rédigée pour la présente réédition de 2021.
Points de vue
« Voici un livre qui donnera le vertige à ceux qui sont habitués aux standards de l’histoire culturelle », Jacques Rancière.
« Ce livre prouve qu’il ne suffit pas de croiser les seuls critères de la classe, de la race et du genre, pour expliquer les comportements sociaux car les fils avec lesquels les individus tissent leur identité sont bien plus nombreux, plus complexes et plus enchevêtrés. Comme le souligne Lhamon, “la difficulté est de réussir à entendre toutes les notes de la partition dont la plupart sont des blue notes, ces notes baissées d’un demi-ton par rapport à la partition”. C’est cette difficulté que ne parviennent jamais à résoudre ceux qui n’ont que le son de la grosse caisse des théoriciens pour faire entendre leur petite musique », Gérard Noiriel.
« Toute la force du travail de Lhamon réside dans une archéologie de la réception du blackface en évacuant le prisme (qu’il juge aveuglant) de la race sans pour autant en minimiser le racisme inhérent. Le blackface qui se dessine sous sa plume devient le premier spectacle de culture de masse de l’histoire des États-Unis et la première manifestation culturelle à convoquer des images de la culture noire », Volume!.
«Un livre qui se lit comme un roman », Le Monde.
« Un livre éblouissant », Paul Gilroy.
« Un travail époustouflant », Greil Marcus.