Traduit de l’anglais par Philippe Blanchard.
ISBN 978 293 060 105 2. 160 pages. 19,50 euros. Octobre 2012.
« Faites-vous aussi plat qu’une crêpe et glissez-vous dans ce livre, vous en ressortirez avec une fabuleuse conceptualisation de nos mœurs, de nos faiblesses et de nos chauvinismes, réalisée toutefois par le biais d’une métaphore indolore et par conséquent stimulante. Edwin A. Abbott prétend faire une chose mais en fait une autre en réalité. Sans vous méfier, vous vous approchez furtivement pour regarder par-dessus son épaule. C’est le moment qu’il choisit pour se retourner d’un bond en s’écriant “Je t’ai bien eu !” avant de vous aplatir à bord de son rouleau compresseur littéraire. Vous réalisez trop tard qu’on vous a distrait tout en vous donnant une bonne leçon. Dans une introduction antérieure à celle-ci que j’ai relue lorsque j’écrivais ces lignes, je suis tombé sur une phrase empreinte de condescendance : “Il ne s’agit pas d’un futile récit de science-fiction. Cet ouvrage a pour but de vous instruire, et il est écrit avec finesse et virtuosité.” Sottises. Comme si tout bon récit de science-fiction n’était pas instructif et ne visait pas constamment la finesse et la virtuosité. Mais surtout, que Dieu nous entende, la science-fiction a pour but de divertir. Flatland nous offre un véritable festival de concepts qui s’avèrent instructifs. Distinguons bien les choses. Dieu nous préserve des samaritains littéraires désireux de nous « améliorer ». Ce genre de choses mène aux Inquisitions et aux pelotons d’exécution. Souhaitons à ces énergumènes de tomber nez à nez avec un Isocèle aux angles aigus pris d’une crise d’éternuements et que celui-ci leur inflige une blessure fatale ! Mais pour le moment, Flatland vous attend. La fête commencera, ami lecteur, dès que vous aurez tourné cette page. Faites-le sans attendre et glissez-vous à l’intérieur.
Ray Bradbury
C’est avec cette courte préface de Ray Bradbury que s’ouvre notre nouvelle édition d’un livre mythique : Flatland. Ecrit en 1884 par un théologien anglais, Edwin Abbott Abbott (1838-1926), Flatland est une allégorie politico-graphique, quelque part entre Lewis Carroll, Jonathan Swift et George Orwell. L’ouvrage est écrit par un carré qui vit dans un monde à deux dimensions : Flatland. Les femmes y sont des lignes, les soldats des triangles isocèles aux angles saillants, les cercles sont des prêtres (plus une figure a de côtés, plus elle est élevée socialement). Après avoir décrit en long et en large son monde bidimensionnel (un univers en noir et blanc un jour perturbé par l’arrivée de la couleur), le carré visite Lineland (un monde réduit à une seule ligne) avant de recevoir la visite étrange d’un habitant de Spaceland : une sphère. Ses convictions en seront changées à jamais…
Flatland, avec son style parfois ironique, peut se lire de diverses manières : il s’agit autant d’un ouvrage de vulgarisation mathématique accessible à tous (de 7 à 77 ans) qu’une critique des relations sociales de l’époque victorienne. Mais on peut aussi y déceler les propos d’un carré dont la foi vacille… Salué par certains (Ray Bradbury ou Isaac Asimov) comme l’un des textes précurseurs de la science fiction, cette nouvelle édition de Flatland reprend la meilleure des deux traductions françaises parues à ce jour, offre au lecteur une couverture en trois dimensions digne des mystères de Spaceland et une mise en page aux formes diverses. Comme l’écrit Ray Bradbury, la fête commencera lorsque le lecteur aura tourné la première page du livre. Faites-le sans attendre !
John D’Agata enseigne l’écriture à l’université d’Iowa, où il vit. Il a également dirigé The Lost Origins of the Essay et The Next American Essay.
I. Notre monde
1. De la nature de Flatland
2. Du Climat et des Maisons de Flatland
3. Des habitants de Flatland
4. Des Femmes
5. De nos méthodes de reconnaissance mutuelle
6. De la Reconnaissance par la Vue
7. Des Figures Irrégulières
8. De l’ancienne pratique de la Peinture
9. De la Loi de Coloration Universelle
10. Comment fut matée la Révolte Chromatique
11. De nos Prêtres
12. De la Doctrine de nos Prêtres
II. Autres mondes
13. Comment j’eus une Vision de Lineland
14. Comment j’ai vainement tenté d’expliquerla nature de Flatland
15. D’un étranger venu de Spaceland
16. Comment l’Étranger tenta en vain de me décrire les mystères de Spaceland
17. Comment la Sphère, ayant en vain essayé les mots, passa aux actes
18. Comment j’arrivai en Spaceland et ce que j’y vis
19. Comment, alors que la Sphère me faisait découvrir d’autres mystères de Spaceland, je désirais en savoir toujours plus ; et ce qu’il en advint
20. Comment la Sphère m’apparut pour m’encourager
21. Comment j’essayai d’enseigner la Théorie des Trois Dimensions à mon Petit-Fils, et avec quel succès
22. Comment j’essayai alors de répandre la Théorie des Trois Dimensions par d’autres moyens, et avec quel succès
Préface de l’éditeur à la seconde édition corrigée